L'Azuré du Serpolet
En visitant les chaumes de juin à août, vous êtes assurés d’observer une multitude de papillons bleu, les Azurés. Ces êtres fascinants ne tiennent pas en place : un coup je plane, un coup je bats des ailes ; ici je butine, là je chasse un intrus... Mais au fait pourquoi papillonnent-ils ici ?
Parmi ces adultes que vous voyez, une espèce, l’Azurée du serpolet, est à la recherche de l’Origan. Ils savent que les boutons floraux de cet aromatique sont nécessaires au développement de leur descendance. Au printemps, ils vont donc y déposer leurs œufs qui vont rapidement devenir chenille. Une fois rassasiée et sentant les mauvais jours arriver, la chenille se laisse tomber au sol et attire une espèce de fourmi grâce au miellat qu’elle sécrète. Sentant l’aubaine, la fourmi l’emmène dans sa fourmilière. Tout l’hiver durant, la chenille va tromper les fourmis qui vont être aux petits soins pour elle, alors qu’elle dévore œufs, larves et autres nymphes de ses hôtes ! Ce n’est qu’au printemps revenu que la magie va opérer : de la chenille transformée en chrysalide, va naître le bel Azuré.
Cette biologie particulière explique la fragilité des populations d’Azuré du serpolet puisque leur existence dépend à la fois d’une plante-hôte et d’une espèce de fourmi. Sur les chaumes Boissières leur relative abondance cache une situation plus inquiétante à l’échelle européenne pour cette espèce, et plus largement pour les insectes pollinisateurs victimes des pollutions diverses et de la destruction de leurs habitats. Mais cet horizon n’est pas une fatalité, tout un chacun peut favoriser ces auxiliaires en arrêtant les pesticides, plantant des haies, arbustes et plantes nectarifères mais également en décalant à l’été ou l’automne la tonte des parties les plus sauvages de ses parcelles.